RÉSILIENCE : Interview de l’adjudant Guillaume, responsable d’une équipe de désinfection aéronautique (EDA)

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Les pompiers de l’air de la base aérienne (BA) 105 d’Évreux ont été engagés, du 1er au 6 avril 2020, sur la base aérienne 107 de Villacoublay afin de contribuer à la désinfection sanitaire des vecteurs aériens et de leurs passagers (équipage et personnel médical). Parmi eux, l’adjudant Guillaume. Il revient sur sa participation à l’opération Résilience.

BA 105 : Adjudant Guillaume, quel a été le rôle de l’escadron de sécurité incendie et sauvetage (ESIS) de la BA 105 dans l’opération Résilience ?

Le rôle de l’ESIS est de mener des opérations de désinfection des moyens aériens, terrestres et des infrastructures engagés dans les opérations de secours et de les restituer le plus rapidement possible, afin d’assurer la continuité de la mission au moyen de deux EDA. Chaque équipe est constituée de cinq personnes (un responsable et deux binômes).

Pour ma part, je suis responsable EDA, ce qui consiste à m’assurer de l’atteinte de l’objectif de la mission qui nous est confiée. Ce dispositif vient en complément de nos différentes missions habituelles : sauvetage à la personne, sécurité incendie sur l’ensemble de la plateforme aéronautique, formation…

À quelle(s) type(s) de mission(s) avez-vous participé dans le cadre de Résilience ?

J’ai participé à deux missions.

La première, à caractère aéronautique sur le plot de la BA 107 de Villacoublay, afin de procéder à la désinfection des aéronefs militaires (Casa, A400M, Caracal et Puma) qui ont permis le transfert de patients de la région parisienne vers la province. Nous sommes aussi chargés du reconditionnement des équipages : habillage / déshabillage et aseptisation des équipements de protection individuelle (EPI) avec une chaîne de désinfection.

La deuxième s’est déroulée dans le cadre d’une infrastructure, au sein de la préfecture de Lille.

En renfort des deux EDA de l’ESIS de Villacoublay, trois aviateurs de la la section d’intervention nucléaire radiologique biologique et chimique (SI-NRBC) de Cazaux ainsi qu’un EDA d’Orléans étaient également sur le terrain. Comment se sont coordonnées vos interventions ?

Sur le plot de Villacoublay, les trois EDA ont travaillé de concert sous la direction du chef de la SI-NRBC, pour une équipe 100% Armée de l’air. L’ensemble des ESIS qui forment le maillage territorial regroupe plus de 600 pompiers de l’air qualifiés. Ils disposent d’une expertise reconnue dans les opérations de désinfection approfondie.

Comment une intervention est-elle déclenchée ?

En ce qui concerne les interventions aéronautiques, elles sont généralement planifiées grâce au plan de vol des appareils. Pour celles-ci, nous sommes déclenchés par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA).

Pour les interventions d’infrastructures, nous sommes en alerte au profit de l’état-major de la zone de défense Nord, et en contact avec la délégation militaire départementale (DMD).

Dans tous les cas, nous sommes d’astreinte à 6 heures.

En quoi la désinfection aéronautique est-elle différente de la désinfection de locaux ?

On ne désinfecte pas un avion comme un camion.

Le Centre d’expertise sûreté nucléaire (CE-SN) et la SI NRBC de Cazaux ont établi des procédures spécifiques applicables par les spécialistes pompiers de l’air avec un virucide et du matériel dédié (brumisateur) qui est obligatoire pour désinfecter un aéronef.

En revanche, lors de la désinfection de locaux, nous sommes confrontés à la présence d’ameublement (rideaux, moquettes, etc.), ce qui implique du démontage supplémentaire. Une solution javellisée est privilégiée pour les surfaces, sols et fournitures. Puis le virus est éliminé par l’essuyage. Il faut attendre au moins deux heures pour que la pièce puisse accueillir à nouveau des personnes sans danger.

Combien de temps faut-il pour désinfecter une surface ?

Tout dépend de la procédure qui sera appliquée : l’utilisation de brumisateur, les effectifs mobilisés, l’accessibilité des zones à désinfecter… Par exemple, pour le dispositif MORPHÉE (Module de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation), il faut en moyenne 7 heures par aéronef. Les EDA aseptisent le matériel durant le temps de séchage de l’avion afin de gagner du temps.

Pour la partie infrastructure, on est sur une moyenne de 1 heure pour 16 m².

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